Pépite n°12

Tout a commencé par cet extrait de la séance extraordinaire du Conseil municipal datée du 22 juin 1914 qui témoigne de la création d’une Rosière pour la ville de Rosny-sous-Bois.

Vu le testament de Monsieur RICHARD ainsi conçu :
Ceci est mon testament
Pour remplir les dernières volontés de mon épouse bien aimée.
Je donne à la commune de Rosny-sous-Bois pour créer une Rosière tout l’héritage de notre oncle Rose GARDEBLED ; le revenu servira à la doter. Elle devra habiter la Commune depuis 10 ans au moins, être vertueuse, laborieuse et bonne pour ses parents. Elle sera désignée par le Conseil Municipal ; la cérémonie aura lieu tous les ans le deuxième Lundi de la fête.

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Extrait de la séance extraordinaire du conseil municipal du 22 juin 1914
© Archives municipales de Rosny-sous-Bois. Cote : R3022.

À la mort de son épouse Adèle GARDEBLED, Eugène RICHARD fait un legs à la commune de Rosny-sous-Bois. Une de ses volontés est d’instituer le couronnement d’une Rosière. Ce couronnement ne constitue en aucun cas une nouveauté puisqu’il existe partout en France et plus particulièrement en Île-de-France. À Rosny-sous-Bois, cette tradition a duré quatre-vingt-sept années. Découvrons ensemble, comment la tradition de la Rosière a réussi à perdurer pendant toutes ces années.

La désignation de la Rosière : de la plus nécessiteuse à la plus ambitieuse

Le 20 juillet 1914, le Conseil municipal désigne, lors de sa séance, sa première Rosière, Berthe CHANTRAIT. Revenons un peu sur ce mode de désignation des Rosières.

Avant chaque Conseil municipal, les conseillers municipaux recueillent un certain nombre d’informations sur les prétendantes au titre de Rosière. Depuis sa création, de nombreux documents ont été produits pour les aider dans leur choix. Plusieurs critères sont pris en considération : la composition de la famille, ses revenus, mais également des rapports écrits par différentes personnes témoignant de la bonne réputation de la candidate au sein de la ville.

Après avoir enquêté sur les quatre candidates, le Conseil municipal effectue son choix en fonction des critères donnés dans le testament d’Eugène RICHARD. À savoir que la candidate « devra habiter la Commune depuis 10 ans au moins, être vertueuse, laborieuse et bonne pour ses parents ». Après avoir épluché plusieurs documents d’archives, nous nous sommes rendus compte qu’un autre critère est pris en considération : le mérite.

En 1947, le Conseil municipal désigne Ginette SCHMITT en la qualité de Rosière, lui octroyant ainsi une dot d’un montant d’environ 10 000 francs, soit environ 1988,71 euros aujourd’hui. Ginette est l’aînée d’une fratrie composée de neuf frères et sœurs. Avec l’un de ses frères, elle travaille pour subvenir au besoin de sa famille, et notamment, à ceux de ses parents. D’après les documents, Ginette est appréciée de tous dans son quartier de la Boissière et est bonne pour ses parents. Les deux autres candidates remplissent également les mêmes critères que Ginette, mais le fait qu’elle soit plus nécessiteuse a permis aux conseillers municipaux de faire leur choix.

Au fil des ans, le processus de désignation de la Rosière prend de l’ampleur. À la simple inscription des candidates, succède l’obligation pour les postulantes, d’envoyer un curriculum vitae ainsi qu’une lettre de motivation au jury, dans lesquels elles expliquent leur désir de participer au concours. Par la suite, le Conseil municipal entreprend un vrai travail d’investigation en produisant des rapports d’enquête sociales et de moralité afin de départager les candidates. Les conseillers municipaux se basent alors moins sur la composition familiale et leurs revenus, mais plutôt sur les aspirations tant personnelles que professionnelles des candidates. Ce revirement s’explique par l’évolution des mœurs et des mentalités. Autre nouveauté, en plus de la nomination d’une Rosière, le Conseil municipal désigne une première et une deuxième dauphine. Bien qu’il n’y ait pas eu de Rosière pour les années 1968 et 1969, c’est au cours des années 70 que les dauphines la rejoignent. Cette nouveauté, qui bouscule un peu la volonté d’Eugène RICHARD, permet de favoriser trois jeunes filles au lieu d’une et d’avoir des remplaçantes pour représenter la ville en l’absence de la Rosière principale lorsqu’elle ne peut pas assurer elle-même ses fonctions.

 

Le couronnement de la Rosière : entre tradition et modernité

Après désignation, le maire et le Conseil municipal se rendent au domicile de la lauréate afin de lui annoncer officiellement leur choix.

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Photographie en noir et blanc représentant la désignation d’Isabelle GARDEBLED comme Rosière en 1981
© Archives municipales de Rosny-sous-Bois.

Ensuite, c’est à l’hôtel de ville que cette dernière se fait couronner par le maire. Vous pouvez apercevoir ci-dessous le programme de la cérémonie du couronnement de la Rosière de 1933, Georgette CLÉMENTEL. La cérémonie était simple : elle commence par une allocution du maire, ici Auguste MAUBLANC, suivie d’un orchestre. N’oublions pas que la tradition veut que la Rosière dépose une gerbe devant le mémorial des époux GARDEBLED, situé dans le square de l’Hôtel de ville.

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Gauche : Photographie en noir et blanc représentant Georgette CLÉMENTEL comme Rosière en 1933 issue de l’ouvrage Rosny-sous-Bois, 1914-1994 ses Rosières © Archives municipales de Rosny-sous-Bois, cote : 22W 17. Droite : Programme de la cérémonie du couronnement de la Rosière de 1933, Georgette CLÉMENTEL © Archives municipales de Rosny-sous-Bois, cote : 22W 187.

Au fil des années, la cérémonie de couronnement de la Rosière prend une tout autre ampleur en raison de l’évolution des activités culturelles, des modes et des mentalités. Il s’agit d’un moment important de la vie locale très apprécié des habitants.

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Photographie en noir et blanc représentant la Cavalcade lors de la fête de la Rosière de 1981,
© Archives municipales de Rosny-sous-Bois

Pour la dernière année du couronnement de la Rosière en 2001, le programme de la cérémonie devient un véritable évènement culturel. Vous pouvez constater ci-dessous qu’une cavalcade, un défilé et de nombreuses animations viennent enrichir cette cérémonie.

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Programme de la cérémonie du couronnement de la Rosière, Laureline LIBESSART, en 2001.
© Archives municipales de Rosny-sous-Bois. Cote : 22W 187.

Le couronnement de la Rosière a donné lieu durant toutes ces années à des réjouissances au sein de la ville, permettant de rassembler les habitants de Rosny-sous-Bois autour de cet évènement devenu culturel.

 

La fin d’une épopée ?

La désignation d’une Rosière a perduré jusqu’en 2001 avec le couronnement de Laureline LIBESSART. Dans un premier temps, le Conseil municipal a requalifié le couronnement de la Rosière en l’intégrant dans un évènement culturel plus large, et cela, toujours au mois de juin. Toutefois, après avis et décision unanime de la commission « Culture et relations extérieures », la majorité des membres du Conseil municipal ont décidé de supprimer cette tradition en la remplaçant par une autre. C’est sans doute parce que cette tradition est devenue désuète et dépassée, et que Claude PERNÈS, maire de 1983 à 2010, et son équipe ont souhaité un peu de nouveauté.

Le maire et ses conseillers municipaux souhaitent rester dans l’esprit de la fête de la Rosière. Cette tradition est remplacée par « Rosny en fête », transformant ainsi la dote, offerte chaque année aux Rosières, en bourse. Cette dernière est décernée à un(e) jeune de Rosny-sous-Bois, dans la limite d’âge de 25 ans, qui propose un projet culturel original. En 2002, la commission a décidé de soutenir Jérôme BARGUES parti faire un tour du monde. Les Rosnéens et les Rosnéennes ont eu le plaisir de découvrir ses photos et ses expériences à son retour.

Les festivités ont lieu sur deux à trois jours, intégrant également la fête de la musique et d’autres animations originales très appréciées des Rosnéens et Rosnéennes. En effet, pour l’édition de 2004, la commission a eu cette folle idée de course de vachettes sur le parking de l’hôtel de ville.

La fin de la fête de la Rosière marque une nouvelle ère d’évènements culturels plus en adéquation avec son temps et surtout en collaboration avec les structures culturelles de la ville afin d’amuser petits et grands.